07 avril 2007

DEMI-FINALE, Troistorrents - Elfic 84-68

"Réenfiler le bleu de travail"
Fin de série pour Elfic, qui chute lourdement à Troistorrents (84-68). Un match N°1 des demi-finales riche en enseignements. Le N°2, c'est pour ce soir déjà.
(La Liberté, samedi 7 avril, Pierre Salinas)


«Toute belle série a une fin. On ne va pas cracher sur la nôtre, mais le moment est venu de passer à autre chose et de réenfiler le bleu de travail en match. Parce qu’à l’entraînement, on ne l’a jamais quitté.» Jeudi soir, 22 h et des poussières. Les couvercles de casserole des supporters de Troistorrents ne claquent plus. Mais sur le visage rougi de Cédric Allemann, la marque du camouflet que les elfes viennent de subir est encore vive. Elfic Fribourg n’avait plus perdu depuis six matches, 240 minutes d’invincibilité qu’une lame de fond a englouties avec perte et fracas.
Méfiez-vous des eaux qui dorment, qu’ils disaient… Deuxième derrière Université Neuchâtel à
l’issue de la saison régulière et donc exempté des quarts de finale, Troistorrents n’avait plus disputé de match officiel depuis le 21 mars. Comment les Valaisannes allaient-elles gérer ce premier rendez-vous des demi-finales? La réponse n’a pas tardé à tomber. Après 3’29, Troistorrents menait déjà 11-2. Puis 22-7 après 7’16. Bref, à la mi-temps (49-32), tout était dit. «On a pris une belle gifle mais, au moins, on n’a pas tendu la joue droite», soupire l’entraîneur fribourgeois qui, ce soir (17h30), aura une belle revanche à prendre. Une chose est sûre: les elfes ne sont pas né(e)s idiot(e)s. Et sauront retenir les leçons.

Le début de match
Troistorrents n’est jamais aussi fort que lorsqu’il peut courir et inscrire des paniers faciles en jeu
de transition. Empêcher Lamisha Augustine (25 points, 14 rebonds de moyenne) et ses potes de
s’enflammer: sur le papier, le plan d’Elfic Fribourg avait de la gueule. «Mais nous avons joué à
rebours de ce qui était prévu», peste Allemann.
Un chiffre contrarie particulièrement le coach fribourgeois: trois, comme les trois minuscules fautes commises par Troistorrents en première mi-temps. Du jamais vu. Preuve que la défense chorgue – «la clé de toute série de play-off», estime l’entraîneur Marc Overney – a parfaitement tenu le choc.
Preuve, surtout, qu’Elfic a manqué de culot. Malgré ses 15 points, Simona Soda, pour ne citer qu’elle, a semblé longtemps hésitante, comme assommée par la réussite insolente de Troistorrents à trois points (10/14 après 20 minutes, 14/23 au total). Bluffant.

Jessica Kellogg
Une pure shooteuse s’est mise particulièrement en évidence (doux euphémisme): Jessica Kellogg. Tenez-vous bien: l’Américaine de 25 ans affiche une statistique de 11 sur 12 à trois points. Un bilan extraterrestre. «Mais on l’a laissée devenir extraterrestre, parce qu’on n’avait pas l’oeil du tigre!», rétorque Allemann.
Qu’aurait-il fallu faire? «Kellogg a été impressionnante, mais il ne faut pas oublier que quatre joueuses travaillent pour elle. Nous n’avons pas suffisamment coupé les lignes de passes. Je n’oublie pas que lorsqu’on l’a «travaillée» plus physique, c’était mieux.» Vrai qu’accrochée aux basques de l’arrière américaine, Pauline Seydoux a fait du bon boulot. Or, une seule mauvaise sortie d’écran aura suffi à tout faire capoter. Elfic revenu à 9 points (30e, 58-49), devinez qui s’empressait de remettre Troistorrents à flots? Kellogg pardi! Elfic revenu à 10 points (37e, 72-62), devinez qui tuait tout espoir de retour dans l’oeuf? Jessica Kellogg, pure shooteuse, vrai tueuse.

Les intérieurs
Avec Pauline Seydoux, Sarah Kershaw et surtout Brittany Wilkins (19 points), Elfic Fribourg a des arguments offensifs à faire valoir dans la raquette. Pourquoi ne pas les avoir utilisés davantage? D’autant que Wilkins, qui disputera ce soir son dernier match avec le maillot fribourgeois avant de retrouver la WNBA, semble remontée.
Jeudi, lors des deux derniers quarts, la joueuse de Sacramento a dominé le duo Clément/Dealbi, plus lourd, sans jamais donner l’impression de forcer. Mieux, la droitière aux vrais mouvements de pivot s’est découvert une main gauche plutôt fiable. «On aurait dû plus s’appuyer sur nos intérieures, c’est sûr. Nos ailières n’ont pas assez affronté l’adversaire non plus», analyse Cédric Allemann, qui espère pouvoir compter sur deux étrangères en forme au même moment. Ce soir pourquoi pas?

Troistorrents - Elfic 84-68
Troistorrents: Garcia 0, Donnet 2, Hazuchova 16, Augustine 18, Dealbi 6, Kellogg 38, Gashi 0, Hauser 4, K. Clément 0.
Elfic Fribourg: Vuckovic 6, Cochand 11, Kershaw 7, Gattoni 0, Diederich 0, Wilkins 19, Seydoux 10, Soda 15.
Série: 0-1