(La Liberté, mardi 10 avril 2007, Pierre Salinas)
Samedi, match No 2 des demi-finales des play-off. C’est la mi-temps. Elfic Fribourg et Troistorrents ressortent des vestiaires sans certitude aucune. Les moues sont sévères, les visages concentrés. Brittany Wilkins, elle, a les yeux baladeurs. Qui cherchent-ils? Soudain, son regard se braque et son visage s’illumine. Sourire aux lèvres, l’Américaine de bientôt 24 ans inscrira dix points dans le troisième quart-temps. Dix points qui n’empêcheront pas la défaite des elfes mais qui suffiront à raviver les regrets. Le lendemain, en effet, Wilkins embarquera dans un avion long-courrier. Destination Sacramento et la WNBA, l’équivalent de la NBA chez les dames. La fin d’une parenthèse pour celle qui avait atterri au début janvier sur les bords de la Sarine. Et qui a contribué à relancer une équipe longtemps dans la panade.
«Une vraie pro»
Brittany Wilkins, c’est 14 matches, 16 points et 7 rebonds de moyenne (19 points et 10 rebonds en demi-finale). C’est une amitié solide que la native du Nebraska a nouée avec certaines de ses coéquipières, Sarah Kershaw la première. C’est aussi ce petit message d’adieu adressé à son entraîneur, Cédric Allemann. «C’est elle qui part et c’est elle qui nous écrit une carte. Preuve que «Britt» a beaucoup de coeur. Malgré des débuts mitigés, on perd une joueuse intéressante.
Parfois naïve, parce que c’était sa première expérience à l’étranger, mais toujours très appliquée. Une vraie pro», estime Allemann.
Brittany Wilkins, c’est enfin un journal intime, des petits bouts de vie «made in Switzerland» qu’elle rédigeait régulièrement pour le site web des Sacramento Monarchs, le club qu’elle a quitté et qu’elle espère réintégrer dans quelques semaines. Cuisine (pas toujours très ragoûtante…), voyages, coups de blues: l’Américaine n’a rien oublié. L’occasion pour l’internaute de partager le quotidien d’une joueuse de basket US qui découvre l’Europe.
«J’avais reçu des offres de Russie ou de Turquie, deux pays où les championnats sont plus relevés mais où la qualité de vie n’est pas la même qu’en Suisse», avoue celle qui a profité de
ces quatre mois sur «sol neutre» (dixit Wilkins) pour jouer les touristes. «Je suis allée à Rome,
Londres et même en Irlande.» Et le basket? «J’ai le sentiment d’avoir progressé, notamment
en attaque. Maintenant, ma défense n’est pas encore à niveau. Je dois vraiment pouvoir faire
mieux», analyse-t-elle.
Le camp d’été
Faire mieux: une nécessité pour Brittany Wilkins, qui n’a pas encore décroché de contrat avec les «Monarques» de Sacramento. «L’année dernière, j’étais la fille du bout du banc. Après, je suis devenue la première remplaçante, celle qui intégrait l’équipe lorsqu’une joueuse se blessait. J’espère vraiment avoir ma chance cette fois-ci. Je suis assez confiante puisque, au jour d’aujourd’hui, Sacramento n’a pas encore engagé de pivot remplaçant. A moi de faire mes preuves et d’être physiquement et mentalement assez résistante durant le camp d’été.» Le camp d’été, passage obligé pour tous ceux et celles qui rêvent d’évoluer dans le meilleur championnat du monde.
«En espérant…»
Samedi, 19 h 30. Brittany Wilkins papote. Bientôt, elle fera ses adieux à la salle Sainte-Croix. Au fait, qui son regard avait-il croisé quelques minutes auparavant? «Celui de quelques amis qui m’ont fait prendre conscience que je vivais mes derniers instants avec cette équipe. J’ai voulu en profiter, voilà tout. Aujourd’hui, je suis triste et frustrée. Triste parce que ce je quitte des filles sympas. Frustrée parce que je pars sur une défaite alors que la série n’est pas terminée. En espérant qu’elles réussiront à faire pencher la balance du bon côté…»